LIGNE DE VIE, recueil d’essais.

J’ai déjà utilisé ce titre pour un article autrefois publié dans Lagban. La métaphore n’a cessé de me préoccuper. Son aspect géométrique m’a retenu chaque jour davantage. Nous vivons selon la ligne du temps. Mais nous nous représentons notre existence selon des modèles beaucoup plus complexes. Le souvenir fait une boucle sur la ligne : un reflet du passé est soudain présent. Le sommeil produit une interruption de la ligne. Le rêve qui pourrait assurer une continuité n’est guère accessible que par le biais d’une remémoration, qui fait une autre boucle.

Un récit de vie pose des questions plus graves encore. Nous ne nous contentons plus de constater que les événements, minimes ou grandioses, se suivent comme des chenilles en procession. Nous trouvons des raisons à leur enchaînement. La ligne que nous construisons en néglige une bonne part, comme ces grammaires où s’éclaircissent en règles les incohérences de la langue.

« La vie est un labyrinthe », disent certains prédicateurs, porteurs ou non de soutanes. Qu’est-ce à dire? On se donne une structure géométrique embrouillée pour suggérer à l’auditeur qu’à chaque instant, il risque de se perdre. Le schéma du labyrinthe réunit diverses vies possibles, auxquelles on peut rêver, ou qu’on peut regretter de n’avoir pas vécues. En examinant les choix qui ont été faits, on se donne les moyens de peindre le caractère d’un individu. On lui impose de croire à cette image. On lui reproche de ne s’y être pas soumis. Car il est interdit de n’être pas soi.

Dans le présent recueil, j’ai réuni plusieurs essais épars.

Je ne renie pas l’article de Lagban intitulé, lui aussi, LIGNE DE VIE.

Que veut dire « se connaître » ? C’est l’objet de SOUTERRAIN.

Quelle expérience avons-nous du labyrinthe ? THÉORÈME DE BUKKLE.

Existe-t-il une analogie entre la ligne de vie et la ligne du discours. ? RUTILIUS ET LE LIVRE.