REFUS D’AUTOBIOGRAPHIE

(Récit du traducteur)


Je pensais offrir au lecteur une petite notice sur les circonstances dans lesquelles j’ai été amené à entreprendre la présente traduction. La rédaction tournait à l'autobiographie. Rien que par ses écrits Béloroukov m’a détourné de mon projet.
Lui, je ne l’ai jamais rencontré, sauf peut-être deux ou trois fois.
J’étais à Moscou vers 1963, lecteur de français à l’Institut Supérieur des Transmissions. On parlait beaucoup de lui dans la ville, de ses gravures, de ses monologues. J’ai été invité plusieurs fois chez un couple de peintres dont il avait été l’élève et qui l’aidaient à faire carrière. J’ai gardé le souvenir d’assemblées relativement nombreuses, de conversations solennelles, d’un thé au goût rare. C’est donc chez Lioubov Barkova et Vassili Kotchetov que j’ai pu apercevoir le personnage. Mais je ne suis sûr de rien.
Une chose ne fait aucun doute : il est venu dans la ville que j’habite et il a fait une conférence à l’ABC. J’étais alors en vacances. Mais mon ami Christophe Langlois m’en a rendu compte avec tant de précision que parfois je me figure l’avoir entendu moi-même. Illusion pure, et tenace.
Le troisième épisode est plus romanesque. M’étant perdu dans une forêt, je me suis retrouvé dans le parc d’un château transformé en hôtel. J’ai rencontré là  un escogriffe galonné qui m’a jeté à la figure ce simple mot : « Angelini ! » J’ai répondu, au hasard : « Bontempi ! ». C’était le bon mot de passe. L’escogriffe m’a fait signe de le suivre. C’est ainsi que j’ai assisté à une représentation de l’opéra
Il Paride, qui n’avait jamais été joué depuis sa création, à Dresde, en 1662. J’ai su depuis que cette résurrection avait été réalisée par Béloroukov, devenu entretemps organisateur d’événements. Était-ce lui, l’escogriffe à qui j’ai eu affaire ? Il n’est pas interdit de le penser.

Tout cela reste douteux. Il se peut que je n’aie jamais vu Béloroukov. J’en ai en revanche beaucoup entendu parler quand je suis retourné en Russie après la perestroïka. C’est alors que j’ai découvert ses écrits, et entrepris de les traduire.
Ce faisant, je me suis aperçu qu’y paraissaient différentes personnes que je me trouve avoir moi aussi croisées, voire longuement fréquentées. Dans la  
Collection de tchoudaks, des notices sont consacrées à Joël Cauchard, à Gildas Deslandes, à Sibylle Roussillon, à Christophe Langlois. Béloroukov semble fasciné par Giovanni Andrea Angelini Bontempi, qui a fait le poème et la musique du Paride. Or j’ai moi-même longuement étudié cette œuvre et la biographie de son auteur.
Les
Écrits que je traduis mentionnent, de manière épisodique, des personnes que je connais plus ou moins : Anne Gavrel, Raymond Vaysse, Jonathan Whitehand, et sur lesquelles je puis apporter, en note, des compléments que j’imagine utiles.
En revanche il n’y est jamais question de Nicolas Porquais dont le rôle n’est pas petit dans l’existence posthume de Bontempi. Ne fallait-il pas que j’en parle moi-même ?

 

Sur la représentation du Pâris, voir ORÉE.

Un chapitre donne des informations sur NICOLAS PORQUAIS.

Sur les personnages cités dans la présente notice, consulter COLLECTION DE TCHOUDAKS