LUCILE SARAN

(Notice)

Lucile Saran m’a beaucoup aidé lorsque l’idée m’a pris d’organiser la représentation d’un opéra, bien qu’elle ait renoncé à trouver quel terme convient au Paride : tragédie, drame, poème ? Elle sait tout sur cet individu insaisissable, qui s’appelait Angelini, qui s’est longtemps fait connaître sous le nom de Bontempi, et qui a fini par réunir, sur la page de titre de l’Historia musica, son dernier livre, patronyme et pseudonyme.
Elle disait : « J’ai été quelque temps Lucile Saran-Morillon ; puis j’ai abjuré ma moitié. Angelini Bontempi me fait l’effet d’avoir cherché à se retrouver lui-même. »
Elle riait de certains de ses essais. « Il était passionné de musique antique, rigoureusement monodique, dépourvue de tout accompagnement. Je suis sûre que, vers la fin de sa vie, il a composé des hymnes dans le style dorien ou dans la manière phrygienne. Rien n’est venu jusqu’à nous. »
Alors elle avait entrepris de ressusciter ces mélodies perdues, de les retrouver par une intuition ténébreuse. Elle se gardait de publier ces fantômes. On l’eût supposé folle.

Déjà, dans les milieux savants, on regardait avec ironie la passion qu’elle mettait à analyser le Paride dont il existe, à la Bibliothèque nationale, une jolie édition reliée en vert pâle. N’a-t-on pas tout dit quand on a rappelé que cet ouvrage est le premier opéra jamais joué en Allemagne ? À quoi bon étudier le détail ? À quoi bon se demander pourquoi certain air de Pâris commence par un sol dièse ?
À quoi bon surtout poser la question dont elle avait fait son domaine : « Bontempi et la musique grégorienne » ? Bontempi intéresse les spécialistes de musique baroque ; le grégorien intéresse les spécialistes de musique médiévale. Ne confondons pas tout.
Lucile Saran laissait dire. Elle ne se fâchait pas quand on la déclarait capable d’aller chercher chez les Rose-Croix la clef des mystères de Bontempi. Elle tenait ces gens-là pour des humoristes. Mais elle n’était pas sûre de ne pas avoir été leur contemporaine.
Ou bien elle se tournait du côté des Gnostiques. N’était-ce se perdre beaucoup plus loin dans le passé?

Voir

GNOSE.

BONTEMPI GNOSTIQUE

EROTOPÆGNION

 

Voir COLLECTION DE TCHOUDAKS